L’histoire d’Ohrid au service de la modernité

Une semaine après notre arrivée en Macédoine, nous découvrons la ville d’Ohrid, située dans le sud-ouest du pays. La première chose qui capte notre attention : la forte concentration de sites archéologiques datés de différentes époques et mêlés à la modernité des bâtiments rénovés.  Reportage.

 

Cathédrale d'Ohrid

Cathédrale d’Ohrid

Saint Clément d'Ohrid

Saint Clément, protecteur de la ville d’Ohrid

Ohrid, ville de 50 000 habitants située au sud de la Macédoine, est encerclée par la montagne de Galitchitsa. Capitale de l’Empire de Samuel 1er de Bulgarie au Moyen-Âge puis premier siège de l’Eglise orthodoxe de Macédoine au 11ème siècle, les habitations s’entassent les unes sur les autres, dans les hauteurs verdoyantes, faisant face au lac d’Ohrid, l’un des plus anciens lacs au monde. En marchant dans les petites rues étroites de la commune, une chose frappe rapidement l’œil du visiteur : derrière un bâtiment flambant neuf peut se cacher un vestige de l’histoire, datant de plus de deux millénaires. Cet aspect insolite contribue, en plus de l’eau douce du lac et du relief montagneux, à en faire la première attraction touristique de Macédoine.

Ohrid est surnommée la ville aux 365 églises, ce qui lui a d’ailleurs souvent valu le surnom de « Jérusalem des Balkans ». Cependant, jusqu’ici, les recherches archéologiques n’ont permis d’en découvrir « que » 45. Goran Patchev, architecte et conservateur au Centre de protection du patrimoine d’Ohrid, souligne que les fouilles n’ont pas encore été effectuées dans leur intégralité : « récemment, en creusant sous les fondations d’une maison, nous avons trouvé des vestiges datant de l’époque romaine, du VIème siècle plus précisément ». De même, le site archéologique de la basilique de Plaosnik datant du IVème siècle, ne fut découvert qu’aux alentours de la Seconde Guerre mondiale, à cause du relief montagneux et de l’épaisse forêt qui borde la ville.

En décidant de construire une université jouxtant les sites archéologiques, les équipes en charge de la conservation du patrimoine ont décidé de donner un nouveau souffle aux vestiges romains. La Faculté de théologie devrait ouvrir ses portes dès 2017.

Cet important patrimoine culturel est aujourd’hui mis en valeur par la municipalité. « Berceau de la culture slave » selon certains spécialistes, les recherches archéologiques permettent de retracer l’histoire de la ville depuis près de 7 000 ans. Les différents sites historiques ne sont séparés les uns des autres que par une cinquantaine de mètres, formant un ensemble hétérogène et pittoresque révélant les stigmates d’un héritage antique, médiéval, ottoman et contemporain. Depuis 1979, la ville est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco.

Ohrid et les poilus d’Orient

L’Institut national pour la protection des monuments culturels et des musées de la ville d’Ohrid, est consacré à la conservation du patrimoine local. Goran Patchev, architecte et conservateur du l’Institut nous présente des lettres d’archive rédigées par des Macédoniens et envoyées à leurs familles pendant la Grande Guerre. Certains témoignages sont saisissants et rendent compte de la complexité de la situation pour les populations régionales.

lettres soldats

Lettre de soldat datant de la Première guerre mondiale

Les communautés étaient arbitrairement divisées aussi, à quelques mètres de distance, des habitants combattaient dans des camps opposés. Des amis d’enfance pouvaient s’affronter, conséquence d’un découpage géographique aléatoire.

La cohabitation entre les Macédoniens fut longtemps problématique après la guerre. Toutefois, Goran Patchev estime que la création de l’État macédonien en 1945 a permis d’apaiser les tensions. Et de conclure dans un sourire : « On tente de mettre de côté le passé et de regarder vers l’avenir ».

Aujourd’hui, Ohrid a fait de son histoire, un atout majeur qui attire un nombre croissant de visiteurs venus du monde entier.

 

Ecrit par Vasiliqi KUME & Tom LANNEAU

Enregistrements audios de Manon MERCIER