Novaci, témoin silencieux du front d’Orient

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Le front d’Orient en 1918 – image ambassade de France à Skopje

En août 1916, dans la plaine de Bitola (ex Monastir), les troupes de l’Alliance (Bulgarie, Autriche-Hongrie et Allemagne) attaquent les troupes de l’Entente (France, Serbie, Angleterre). Ces dernières parviennent à contenir l’attaque des puissances centrales, puis les repoussent et entrent en Macédoine serbe fin 1916. Ils établissent une ligne de front au nord de la ville. Les combats dureront jusqu’en décembre 1918.

Douille retrouvée sur le site de Novaci

Douille retrouvée sur le site de Novaci – Photo Jacopo Landi

Le front d’Orient s’étendait à travers les Balkans sur environ 265 kilomètres. Dans les collines de Novaci, emplacement stratégique, la ligne de front s’étend sur environ 4 kilomètres. Les soldats qui s’y affrontent sont de différentes nationalités : les premiers arrivés sur la « Cote 1050 » (1) sont les Italiens, qui seront rejoints par les soldats Français. Leur but est de soutenir la Serbie et de reconstituer son armée, très affaiblie après sa déroute à travers l’Albanie et son évacuation par les ports de la côte adriatique. Il veulent aussi fixer les troupes des Empires centraux et des Bulgares.

Dans cette région montagneuse, les tranchées sont creusées en zig-zag dans le roc. Des galeries plongent sous la roche et ressortent quelques mètres plus loin. A l’époque, les hôpitaux les plus proches se trouvent à au moins 12 kilomètres. Les combats sont longs, les troupes prennent l’avantage un jour et le perdent le lendemain, la situation évolue sans cesse. Kostadin Popovski, pompier et ancien démineur, a commencé à se passionner pour Novaci il y a 5 ans. Il a fondé l’association Pegaz Edu, dont le but est de préserver la mémoire du site : « Ici, les hivers sont très rudes, les étés chauds et arides. En tout, 30.000 soldats combattent dans ces tranchées : selon nos estimations, 10 à 12.000 sont morts ici », commente-t-il. De violents combats se déroulent également dans le massif du Pelister et à l’est dans celui du Mariovo, à quelques kilomètres de là.

Monastir a souffert

Sur la "côte 1050", rien ne laisse deviner la violence des combats de 1916.

Sur la « côte 1050 », rien ne laisse deviner la violence des combats de 1916.

La bataille de Monastir a lieu du 12 septembre 1916 au 19 novembre 1916 en Macédoine. Elle permet aux troupes françaises et serbes, commandées par le général Maurice Sarrail, de percer les lignes bulgares.

Fin novembre, la ville est évacuée par les troupes des puissances centrales et occupée par celles de l’Entente. La ville souffre, elle est divisée en régions française, russes, italienne et serbe.  Jusqu’à la fin de la guerre, elle subit des attaques au gaz, des bombardements et elle est le théâtre de combats entre les deux factions, ce qui occasionne de nombreuses destructions et victimes.

Pourtant, seuls les locaux se souviennent des combats de Monastir, à travers des histoires personnelles. Aujourd’hui, le site de Novaci est en friche et peu de macédoniens ou de touristes viennent voir ce témoin des combats. Le paysage ne laisse plus rien paraître de la guerre qui a pourtant secoué la région pendant plus de deux ans, et la nature reprend ses droits sur les tranchées et les grottes silencieuses de la « Cote 1050 ». L’espoir de voir un jour le site raconter son histoire repose sur les actions de l’association Pegaz Edu et de la commune de Novaci, qui luttent pour le préserver et le faire connaître.

(1) La Cote 1050 est une colline des environs de Bitola sur laquelle sont encore présentes les traces du front d’orient. Elle est appelée ainsi du fait de sa hauteur.

Anna Lefour