Parcourir la Grande Guerre à vélo

Du haut de ses 22 ans, rien ne prédestinait Niklas Gutknecht à son grand périple à vélo. Son objectif est pourtant de relier Aalen à Saint-Lô, en passant par tous les lieux phares de la première guerre mondiale.  Rencontre avec un messager de la paix original.

Niklas Gutknecht

Niklas Gutknecht est prêt à reprendre sa route. Crédit photo : Sylvain Périchon

Physiquement, il n’était pas prêt. Mentalement, par contre, il l’a toujours été. Ce jeune Allemand originaire d’Aalen dans la région du Bade-Wurtemberg s’est lancé un défi extraordinaire. Peu sportif mais passionné d’histoire, le moment était opportun pour lui en cette période de vacances scolaires : « Je voulais profiter de mes huit semaines de vacances pour découvrir les lieux de la première guerre mondiale, et avec le centenaire, c’était une bonne équation !, explique-t-il en s’excusant de « parler français comme une vache espagnole ». Modeste – il s’exprime parfaitement dans la langue de Molière -, Niklas revit chaque étape les yeux brillants, mimant ses rencontres avec des gestes enthousiastes.

Un vélo, 35 kilos de bagages, un plan bien établi et une sympathie communicative lui suffisent à réaliser son voyage inoubliable. Parti au début du mois de juillet, l’étudiant en ingénierie biomédicale a une idée bien précise derrière la tête. En plus de découvrir les sites chargés d’histoire, il a en effet décidé, avec le soutien de sa commune natale, « de connecter Aalen et Saint-Lô, villes jumelées, pour voir si les Français sur place sont encore concernés par la guerre et dans quelle mesure », ainsi que de « transmettre une amitié franco-allemande ».

Etape par étape

Avec peu d’expérience en cyclisme, « je voulais m’entraîner en roulant », confie-il, Niklas a pu profiter de l’aide de ses parents, afin de partir serein et en toute sécurité : « Ma mère m’a souhaité bonne chance et m’a donné des conseils, elle est assez inquiète. Mon père m’a fourni des cartes pour que je puisse préparer mon périple. J’ai fait mon plan en voyant ce qu’il y avait à découvrir, en surfant sur Internet ». Le choix de son mode de transport, le jeune homme l’explique avec beaucoup de conviction « J’aime vraiment le vélo, c’est sportif, pas trop rapide, c’est la meilleure vitesse pour voyager, sans CO2 et en contact direct avec le monde. Le vélo, c’est l’avenir ! ». Butinant d’auberges en campings, Niklas alimente ses journées sportives et culturelles par huit heures de vélo journaliers « au début c’était très dur, mais après quelques semaines on s’habitue. Maintenant c’est comme une balade ». Ses étapes le mènent à Karlsruhe, Stuttgart, Strasbourg, Verdun, l’ossuaire de Douaumont, les cimetières franco-allemands n’ont plus de secret pour lui. Pendant son itinérance, le jeune homme a fait une halte à Colmar pendant quatre jours, afin de participer à la rencontre des jeunes français et allemands organisée par l’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ) : « C’est une bonne étape pour une pause et ça reste dans mon thème de la première guerre mondiale ». Le point d’orgue de son aventure, la ville de Saint-Lô en Normandie, Niklas Gutknecht l’atteindra dans 800 kilomètres environ à partir d’Arras, après déjà plus de 1000 kilomètres parcourus sur les routes franco-allemandes.

Marie Zinck

Pour en savoir plus, consulter la bande-son réalisée par Suzon Tisseau.