Sur les pas de Samir et Malik à l’Île-Saint-Denis

Sur les pas de Samir et Malik à l’Île-Saint-Denis

Samir et son ami Malik ont la vingtaine. Ils habitent en banlieue. Ils y vivent et ils y rêvent. Reportage sur L’Île-Saint-Denis, comme un village à dix minutes de Paris.

Il était fier, Samir, de nous la présenter, son île. Son île, c’est L’Île-Saint-Denis. « 200 mètres de large, 7 kilomètres de long et 7 000 habitants ! », nous lance-t-il au sortir du tramway. « Tout le monde se connaît et même si je n’habite pas sur l’île, il n’y a que la Seine qui nous sépare ! On a grandi ensemble, on joue à la pétanque ensemble, et on fait des barbecues ensemble ! », poursuit-il, le sourire jusqu’aux oreilles.

A l’ombre d’une tour d’une quinzaine d’étages, un parc pour enfants, désert. Sur la Seine, des péniches, à quai. Un peu plus loin, sur un banc, les petits dealers du quartier. « Faites gaffe les mecs, y a BFM TV ! », rigole l’un d’eux.

Samir nous fait visiter l'île-Saint-Denis Au parc de l'île-Saint-Denis
Samir nous guide à travers l'île Malik sourit et cherche ses mots
L'interview de Malik Dans les ruelles de l'île-Saint-Denis

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Samir est notre guide. Il ne passe pas inaperçu. On l’appelle, on l’interpelle, on le salue. « Sur l’île Saint-Denis, il y a des gens de toutes les couleurs, de toutes les origines, de toutes les religions, on est  très mélangés et c’est ce qu’on aime ! », nous explique-t-il en poursuivant la visite.

Au détour d’une ruelle, Samir nous présente Malik, « et son scooter imitation Vespa ! » Les deux compères se connaissent depuis l’âge de 16 ans. « A deux, on refait le monde ! », lance le premier. « On s’est rencontré avec d’autres amis et on a commencé à sympathiser ! », reprend le second.

Malik a 26 ans, et il connaIt L’Île-Saint-Denis comme sa poche. Il y habite depuis l’âge de 7 ans. Face à mes questions, le jeune homme esquisse un sourire et cherche ses mots. « Ma personnalité s’est forgée ici, le mercredi, quand j’avais 7 ou 8 ans, au centre de loisirs ! On s’amusait, on rigolait, on était heureux… Il fallait s’affirmer et ne pas se faire écraser par les autres ! », raconte-t-il.

Dans le parc, en bord de Seine, un bateau à moteur et des pêcheurs. Serge a 48 ans et il habite la ville voisine d’Épinay depuis dix ans. Son opinion sur les banlieues ? « On est dans une banlieue qui n’a pas une très bonne réputation, les premiers rapports ont été tendus mais ça n’a jamais été plus loin que ça ! J’ai déjà surpris un môme en train de sauter sur le capot de ma bagnole mais le problème, c’est qu’ils n’ont pas de pognon, ici, les jeunes ! », analyse-t-il.

Malik, lui aussi, a son explication sur cette mauvaise image de la banlieue. « Il y a peut-être un formatage. En tous cas, moi, je suis un Français musulman d’origine algérienne ! Je pense en français, je m’exprime en français, je regarde la télé en français et je rêve en français ! »

Une leçon de vie.

Paul-Luc MONNIER (texte) et Fjona MECA (photos)