HUB387, l’esprit de la Silicon Valley à Sarajevo

Alors que de nombreux Bosniens décident de quitter le pays pour des raisons économiques, à Sarajevo, de jeunes diplômés ont décidé de monter leurs entreprises dans le domaine des nouvelles technologies. Nous les avons rencontrés au HUB387, une importante communauté de jeunes entrepreneurs.

HUB387, espace de coworking

Après une demi-heure de tram dans Sarajevo direction Ilidža, se dresse un immense bâtiment aux portes vitrées. Le lieu est moderne, design : l’esprit start-up est bel et bien là. Au troisième étage, un grand espace : bureaux blancs, sièges de couleur orange et postes de travail occupent toute la pièce. Dans un open-space, une dizaine de jeunes se font face, âgés de 25 ans en moyenne.

C’est dans cet espace de co-working, nommé NEST71, qu’ils collaborent pour mener à bien leurs projets. Ici, une soixante de bureaux sont installés et une dizaine d’entreprises y sont implantées. L’espace appartient à HUB387, un incubateur et une communauté de jeunes entrepreneurs dans le domaine des nouvelles technologies.

Installés dans leur canapé, ordinateurs sur les genoux, ils racontent leur expérience. Certains se sont connus à l’université, d’autres sont fraîchement diplômés, tous ont décidé de monter leurs propres entreprises dans le domaine des nouvelles technologies. De là sont nées des amitiés et l’envie d’innover, loin de la politique intérieure du pays.

« Ça ne peut pas être pire que maintenant »

Emina, Développeuse informatique à Agenci Digital, SarajevoEn effet, alors qu’en Bosnie-Herzégovine, le chômage touche 67 % des jeunes en 2016 selon la Banque mondiale, une partie d’entre eux ne compte pas subir les conséquences de cette situation sociale déconcertante. Pour eux, c’est le moment ou jamais de prendre les choses en main. « Ça ne peut pas être pire que maintenant », lance Djenan, qui a monté son agence digitale avec deux autres amis. Dans le pays, l’administration ne facilite pas entrepreneuriat. Les démarches administratives étant très compliquées, il faut parfois attendre très longtemps avant d’obtenir ne serait-ce qu’un simple document. Pourtant, rien ne semble impossible pour ces diplômés ou futurs diplômés sarajéviens. Emina, qui collabore avec Djenan pour la même agence digitale en est convaincue : « Oui c’est difficile, la situation économique et politique du pays n’encourage pas à rester, mais pour réussir dans la vie, il faut être capable de pouvoir travailler pour soi-même et ne rien attendre des autres, et parfois même de son pays ».

Alors, lorsqu’on leur demande les raisons pour lesquelles ils souhaitent rester à Sarajevo coûte que coûte, ils nous répondent tous en cœur : « C’est un challenge ! ». Pourtant, l’Allemagne reste la destination numéro un pour les jeunes bosniens. Installé avec son ordinateur au HUB387, Nermin fait partie d’un groupe de développeurs basé à Berlin. À contre-courant, il a pourtant décidé de rester à Sarajevo : « Je pourrais aller en Allemagne demain si je voulais, mais à quoi ça sert ? J’ai déjà un salarié sur place ».

Marion Adrast et Léa Le Breton