L’espoir qui fleurit sur les champs de bataille

Les coquelicots poussaient dans la boue des champs pendant la Grande Guerre. Aujourd’hui, ils sont partout sur les lieux de mémoire. Explication de cette floraison.

Croix avec coquelicot sur lieux de mémoire

image : Assata Frauhammer

Parapluies, colliers, porte-clés… dans le petit magasin du Musée d’Ypres, tout est décoré de fleurs rouges. Ça continue partout dans la bourgade. Le visiteur peut, après un modeste don, s’épingler un coquelicot en papier de la Royal British Legion. Après la Guerre 14-18, la fleur est devenue pour les Anglais le symbole du souvenir des soldats morts sur les champs de bataille ainsi qu’un symbole international de la mémoire.

Le symbole tire ses origines d’un poème du lieutenant colonel John McCrae, chirurgien dans l’artillerie canadienne. Au cours de la deuxième bataille d’Ypres en mai 1915, il compose le texte émouvant suite à la mort de son ami. Le poème In Flanders Fields  – qui a donné son nom au Musée d’Ypres – fait référence au coquelicot dans sa première et dans sa dernière strophe :

Au champ d’honneur, les coquelicots
Sont parsemés de lot en lot
Auprès des croix ; et dans l’espace
Les alouettes devenues lasses
Mêlent leurs chants au sifflement
Des obusiers.1

Avant la première guerre mondiale, peu de coquelicots poussaient en Flandres. Les fleurs rouges se révèlent dans des terrains remués. Ironie de l’histoire, les bombardements durant les combats favorisaient donc leur venue. Les coquelicots poussaient parmi la dévastation laissée par la guerre, symbole d’une croissance nouvelle et seule note colorée dans la boue des tranchées. La vie continuait. En même temps, le rouge rappelait le sang des morts… Ainsi, les coquelicots sur le champ de bataille au nord d’Ypres inspiraient McCrae. Après la guerre, des organismes commençaient à vendre des fleurs en tissu afin de recueillir de l’argent pour rétablir les régions européens dévastées.

Jusqu’à aujourd’hui, le poème est un des plus populaires sur la Grande Guerre. Le coquelicot est resté le symbole de la mémoire, surtout dans des pays anglophones. Les Britanniques, les Australiens, les Canadiens et les Néo-Zélandais continuent de déposer des couronnes de coquelicots dans les lieux commémoratifs. De plus, la fleur est devenue un emblème international – sauf en France, où c’est le bleuet qui symbolise la mémoire et la solidarité envers les anciens combattants et les victimes de guerre. Comme les coquelicots, les bleuets poussaient sur les champs de bataille. Les deux fleurs côte à côte, comme les alliés.

Assata Frauhammer

Pour aller plus loin : Le site Facebook Flanders Fields 14-18 invite tous les internautes à créer virtuellement un champ de coquelicots mondial pour commémorer les morts.

1« Au champ d’honneur », d’après une adaptation française du major Jean Pariseau, première strophe.